Image : Moon So-Ri.

Moon So-Ri.

Née à Séoul en 1974, Moon So-Ri est enseignante diplômée de l'université de Sungkyunkwan, et ses débuts au théâtre datent de 1996. Elle n'a tourné qu'un court métrage lorsque Lee Chang- dong la choisit pour le rôle féminin principal de Peppermint Candy qui la rend célèbre en Corée.

Filmographie (longs métrages) :
2000 Peppermint Candy (réal. Lee Chang-dong)
2002 Oasis.

Image : scène du film Oasis.

Moon So-Ri, interview...

Question : Pourquoi avez-vous voulu incarner ce rôle ? Par défi personnel, pour servir une histoire d'amour, pour aider à l'émancipation des personnes handicapées en Corée et ailleurs ?

Moon So-Ri : J'avais peur de ne pas être à la hauteur quand on m'a proposé d'être auditionnée pour incarner Han Gong- Ju. J'étais alors une actrice qui avait peu tourné et je n'étais pas persuadée de pouvoir jouer correctement ce personnage. Mais, en même temps, j'ai pensé que je n'aurais pas la chance d'interpréter un tel rôle dans un futur proche et que ce serait un défi à surmonter dans ma vie, pas seulement en tant qu'actrice mais aussi en tant qu'une femme.

Q : Vous incarnez un personnage infirme moteur cérébral avec une grande vérité de jeu et d'expression. Comment avez-vous travaillé ce rôle de composition ? En vous documentant, en visitant un centre de rééducation fonctionnelle, en rencontrant des infirmes moteurs cérébraux ? Que vous ont- ils apporté ?

M.S.R : Le personnage que j'ai joué n'est pas celui d'une fille retardée mentale, mais d'une femme tétraplégique âgée de 28 ans. L'infirmité motrice cérébrale n'est pas une sorte de retard mental. Dans la plupart des cas, les personnes atteintes ont des facultés intellectuelles standard, elles ont seulement de grandes difficultés à bouger comme elles veulent, à contrôler leurs mouvements et leur parole. Pour incarner ce personnage, j'ai été conseillée et aidée par deux femmes trentenaires, toutes deux tétraplégiques. Nous sommes devenues amies et avons passé beaucoup de temps ensemble en faisant des choses comme aller au cinéma, dîner au restaurant, etc. Les rencontres avec ces jeunes femmes ont nettement influencé ma conception du rôle et mes attitudes à l'égard de la vie, également. Cependant, pour l'approche extérieure, c'est-à-dire exprimer physiquement la paralysie, j'ai éprouvé de grandes difficultés. Mes amies n'ont guère pu m'aider à les surmonter. J'ai tout d'abord fait des exercices physiques pour rendre mon corps le plus souple possible de manière à exprimer au maximum l'impression que les muscles poussent et tirent les membres et le corps en même temps, en travaillant la tension et le mouvement scrupuleux des muscles. Je me suis efforcée de les utiliser, très minutieusement, du globe oculaire à l'orteil.

Q : Oasis est sorti en Corée il y a plus d'un an. Pensez- vous que le film a influé sur la perception sociale des personnes lourdement handicapées et secoué le tabou qui semble encore marquer les sociétés asiatiques vis- à- vis du handicap ?

M.S.R : Je ne pense pas que ce film a beaucoup changé l'image que la société coréenne a vis- à- vis des personnes handicapées. Oasis n'est pas un film qui aborde les problèmes sociaux, mais un film qui parle avant tout de l'amour au sein des exclus de la société.

Q : En France, le fait que des personnes handicapées puissent avoir une vie amoureuse et sexuelle commence à être timidement reconnu. Oasis est- il le reflet de ce qui se passe en Corée ?

M.S.R : La situation montrée dans le film est dramatisée, mais en même temps elle reflète bien la réalité en Corée. L'amour entre les protagonistes a un aspect fantasmé, dans un sens, mais leur vie quotidienne et les attitudes des autres à leur encontre, sont réellement décrites.

Propos recueillis par Laurent Lejard.


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Image : scène du film Oasis.