Oasis, un film de Lee Chang-Dong.
Image : Affiche du film Oasis.

Par essence, l'amour est un fantasme partagé par deux personnes. Leurs sentiments, évidemment subjectifs, entrent inévitablement en conflit avec le monde qui les entoure. Et "l'amour" devient tragique et douloureux quand le monde refuse de le reconnaître.

Mon propos sur cette histoire d'amour née sous une mauvaise étoile, entre Jong- Du et Gong- Ju, est issu de ce conflit permanent entre leurs sentiments et le rejet par leur entourage. Si réaliser un film est une façon de vivre l'expérience de ce conflit, alors voir ce film est une façon de partager cette expérience.

J'aimerais que les spectateurs d'Oasis se tiennent à la frontière même de ce conflit. Vous pouvez entendre cette frontière comme étant celle entre la vie réelle et l'imaginaire, ou entre un film et la réalité. Je ne veux pas entraîner le spectateur dans l'imaginaire trivial que j'ai créé, mais je ne veux pas non plus que le spectateur se sente exclu.

Oasis peut être vu comme un film sur les frontières. La frontière entre soi et les autres, entre nous et ceux que nous détestons, ou entre gens "normaux" et "handicapés". Ou encore, j'y reviens, la frontière entre un fantasme que l'on appelle "l'amour" et la réalité de la vie quotidienne, entre un fantasme que l'on appelle "un film" et la réalité qu'il représente.

Il est peut-être inconfortable et émotionnellement éprouvant de se situer à ces frontières et d'observer ces conflits. Mais si nous voulons vraiment communiquer les uns avec les autres, comment pourrions- nous nous y soustraire ?

Lee Chang-Dong

Image : Les deux protagonistes principaux du film Oasis.

Synopsis.

À peine sorti de prison, Jong-Du, un délinquant récidiviste, se retrouve à nouveau au poste de police pour ne pas avoir payé une note de restaurant. Sa famille paie sa caution et le ramène à la maison. Il est bientôt embauché et logé par son frère aîné Jong- Il, qui tient un garage; on apprendra plus tard que Jong- Du avait été incarcéré à la place de Jong- Il qui, en état d'ébriété, avait écrasé un homme et pris la fuite.

Voulant rendre visite à la famille du balayeur victime de l'accident pour lequel il avait été arrêté, Jong- Du aperçoit la fille de ce dernier, Gong- Ju ("princesse"), qui souffre d'un grave handicap moteur. Bien que paralysée cérébrale, Gong- Ju est abandonnée par son frère, qui déménage en la laissant seule dans un modeste appartement, sous la surveillance de voisins.

Fasciné par la jeune handicapée, Jong-Du lui rend visite en cachette. Pendant l'une de ces visites, ne pouvant se contrôler, il tente de la violer, puis s'enfuit, lui laissant cependant son numéro de téléphone. Gong- Ju l'appelle et il revient la voir régulièrement. De temps en temps, il la sort de chez elle et lui fait découvrir le monde. Leur complicité se mue en une véritable passion, mais qui reste platonique. Il promet à Gong- Ju d'éliminer la seule chose qui semble lui faire peur : les ombres mouvantes qu'un arbre projette sur une petite tapisserie accrochée au mur de sa chambre, qui représente une oasis...

Lorsque cette relation hors normes s'affiche au grand jour, la société ne peut le supporter. Un beau jour, alors que Gong- Ju accepte de s'offrir au jeune homme, ils sont surpris par le frère de celle- ci et son épouse...

Image : scène du film Oasis.

Fiche technique :

Scénario et mise en scène : Lee Chang-dong
Distributeur France, Suisse, Belgique : Les Grands Films Classiques
Durée : 2 h 12
Couleur - Dolby SRD

Fiche artistique :

Sol Kyung-gu : Hong Jong-Du
Moon So-ri : Han Gong-Ju
Ahn Nae-sang : Hong Jong-Il
Ryoo Seung-wan : Hong Jong-Sae
Chu Gui-jeong : la femme deJjong-Il
Kim Jin-jin : Mme Hong
Sohn Byung-ho : Han Shan-Shik
Yoon Ga-hyun : la femme de Sang-Shik
Park Myung-shin : la voisine
Park Kyung-geun : le voisin.

Récompenses internationales :

59e Mostra Internationale VENISE 2002
Prix de la Mise en scène
Prix Marcello Mastroianni de la meilleure jeune actrice
Prix de la Critique internationale Fipresci

Semaine Internationale de la Critique CANNES 2003
Révélation de l’année présentée par la Fipresci

Image : scène du film Oasis.
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Lee Chang-Dong.
Moon So-Ri.
Sol Kyung-Gu.
La diffusion du film Oasis.
La bande-annonce.
Image : scène du film Oasis.

Notes.

Rien d'impossible à cet amour-là...

Quatre cents papillons en plein hiver.

Un décor transporté jusqu'en Thaïlande.

Une utilisation minimale des effets numériques, une utilisation optimale de la caméra à l'épaule et un tournage dans l'ordre chronologique du scénario : telles ont été les règles pour filmer l'histoire d'amour que raconte Oasis de la façon la plus naturelle et la plus réaliste possible. Pendant l'hiver 2001, l'un des plus rigoureux, toute l'équipe du film a dû trouver des papillons et des colombes blanches, qui sont à peu près aussi rares en cette saison que des dinosaures. Après avoir filmé 80 prises de leurs battements d'ailes, après trois tournages de maquette et deux tournages réels, les membres de l'équipe auraient mérité le diplôme officiel de dresseur ! À la toute fin du tournage, le décor de la chambre de Gong- Ju a été transporté par bateau en Thaïlande pour la scène de l'éléphant. Comme il était interdit de faire venir l'éléphanteau en Corée, la production a décidé d'entreprendre ce long voyage pour tourner cette séquence.

Le tournage à Chong-gye.

La scène dans laquelle Jong-du danse en portant Gong- Ju dans ses bras au milieu de la circulation a été tournée à Chong- gye, une grande artère du centre de Séoul. La commission du Film de Séoul, la municipalité et la police métropolitaine ont prêté leur concours à cette prise de vues : c'était la toute première fois que le quartier de Chong- gye était bloqué pour un tournage. Une centaine de voitures appartenant à l'équipe du film, à la presse et aussi aux membres du fan- club de Peppermint Candy s'étaient rassemblées. Pour Lee Chang- dong, qui d'ordinaire tourne un plan en six heures, ce fut une expérience éprouvante que de tourner six plans par heure ! Cependant, pendant le tournage de cette scène, Lee Chang- dong s'est attaché comme d'habitude à régler les moindres détails, classant les cent véhicules par genre, par couleur et par taille. Ses efforts pour contrôler le temps nécessaire à remonter une vitre ou même le rythme des klaxons, rendent chacun des plans de la séquence parfaitement naturel.

Image : scène du film Oasis.